mardi 5 juillet 2016

Performance et gouvernance de l’entreprise

La globalisation et la financiarisation de l’économie ont bouleversé la structuration traditionnelle de l’appareil productif. La crise actuelle a montré la forte interdépendance des économies. Le système économique est devenu si complexe qu’il est imprévisible donc difficilement gouvernable. Par ailleurs, l’évolution démographique et celle du chômage précipitent notre pays à la recherche d’un équilibre difficile où une fraction de plus en plus faible de la population est active et doit, par son travail, produire la valeur ajoutée nécessaire au financement de l’économie nationale.

 Dans le même temps, la société prend progressivement conscience de l’impact de ses activités sur l’environnement et réalise que les bouleversements des écosystèmes ont déjà un impact sur elle.


 Au cœur de ces réflexions se trouve placée l’entreprise souvent confrontée à des injonctions contradictoires, pointée à la fois comme la cause et la solution des maux de la société. Mais qu’est-ce que l’entreprise ? Est-il possible de lui donner une définition unique alors qu’elle recouvre des réalités très différentes ? Qu’est-ce qu’une entreprise performante ? Peut-on continuer d’évaluer la performance des entreprises selon des critères uniquement financiers alors qu’on lui prête une responsabilité sociétale ? 

Enfin, comment s’assurer que l’entreprise prendra effectivement sa part dans l’amélioration de la société si son projet stratégique est en contradiction avec les intérêts de cette dernière, c’est-à-dire si les intérêts sociétaux ne sont pas pris en compte par sa gouvernance ?

Vers un nouveau concept  de l’entreprise

L’absence de définition juridique du terme « entreprise » conduit bien souvent à le confondre avec celui de « société » - lequel, on le verra plus loin, est lui parfaitement défini juridiquement. Pour autant, l’entreprise a reçu des définitions d’ordre économique. Au niveau européen, il a fallu attendre un arrêt de 1991 de la Cour de justice des communautés pour obtenir une définition fonctionnelle et extensive de la notion d’entreprise, fondée sur le critère de l’activité économique. L’arrêt « Höfner et Elsner » du 23 avril 1991, précise ainsi que « …dans le contexte du droit de la concurrence…la notion d’entreprise comprend toute entité exerçant une activité économique, indépendamment du statut juridique de cette entité et de son mode de financement ». 

Un règlement européen du 15 mars 1993 (CEE 696/93) pris à des fins statistiques donne comme définition de l’entreprise : « la plus petite combinaison d’unités légales (personnes morales ou physiques) qui constitue une unité organisationnelle de production de biens et de services jouissant d’une certaine autonomie de décision, notamment pour l’affectation de ses ressources courantes. Une entreprise exerce une ou plusieurs activités dans un ou plusieurs lieux. Une entreprise peut correspondre à une seule unité légale ».

 En résumé au sens de ce règlement, l’entreprise se caractérise par :
 – l’exercice d’une activité économique réelle ;
 – la production de biens ou de services marchands ;
 – l’autonomie de décision. 

L’action productrice dans ce règlement « résulte d’un concours de moyens (équipement, main-d’œuvre, procédés de fabrication, réseau d’informations et produits) qui conduisent à la formation de biens ou de services déterminés. Une activité est caractérisée par des entrées de produits (biens ou services), un processus de production et les produits générés ». 

La contribution des parties prenantes  à la performance de l’entreprise

Selon M. Augustin de Romanet, une bonne gouvernance se doit de ne négliger aucun des quatre principaux facteurs suivants : les clients, les propriétaires, les salariés et l’environnement de l’entreprise. Selon lui, « les modes de gouvernance des entreprises peuvent avoir, par leur conformation, tendance à privilégier soit les propriétaires, soit les clients, soit les salariés, rarement l’environnement il faut bien le dire. Si l’on néglige un quelconque de ces facteurs, on s’aperçoit que les incidences à long terme sont extrêmement négatives ». 

L’entreprise agit en effet au sein d’un environnement qui se compose de nombreux acteurs, qualifiés de parties prenantes (stakeholders). La conception traditionnelle selon laquelle elle n’aurait de compte à rendre qu’à ses actionnaires semble aujourd’hui dépassée. De nombreuses entreprises reconnaissent ainsi leur responsabilité sociale et environnementale ; pour elles, la Responsabilité sociétale des entreprises (RSE) est reconnue comme la contribution des entreprises aux enjeux du développement durable. La démarche consiste pour les entreprises à prendre en compte les impacts sociaux et environnementaux de leur activité pour adopter les meilleures pratiques possibles et contribuer ainsi à l’amélioration de la société et à la protection de l’environnement. 

Au-delà, la prise en compte des attentes, des contraintes et des contributions des parties prenantes dans l’élaboration de la stratégie de l’entreprise constitue les conditions de sa performance globale sur le long terme. 

  • Les salariés : de l’information à la participation comme levier de performance 

 trois formes de participation des salariés ont pu être distinguées :  
– l’information et la consultation (sans se substituer à la capacité des Institutions de représentation du personnel (IRP) à représenter collectivement les intérêts des salariés) ; 
– la participation des salariés aux organes de décision ;
– les différents dispositifs de participation financière aux résultats de l’entreprise

  • Développer les pratiques participatives

Les pratiques participatives concernent l’ensemble des acteurs de l’entreprise et mobilisent les différentes ressources humaines au travail. Les salariés n’ont alors plus pour unique tâche d’appliquer la décision mais de participer, à leur niveau, à son élaboration. Ces pratiques sont financières ou non : de la prime de performance pour les premières à la recherche d’une meilleure communication au sein du collectif pour les secondes ; de l’information « descendante » à l’échange sur des projets. 



  • La relation avec les clients fournisseurs 

Sous le vocable de clients coexistent différents « types » de clientèle : professionnelle ou non. 
Le concept de « gestion des relations avec les clients » se développe. Issue du Customer relationship management (CRM), la GRC considère le client comme objet d’étude et d’action et comme principale source de revenus de l’entreprise. 

Or, il apparait que cette relation peut être beaucoup plus productrice d’informations pour l’entreprise dès lors qu’une partie de l’innovation de produits, d’organisation, de concept, émane d’une relation suivie et personnalisée. Il s’agit d’une force des entreprises Outre-Rhin que de fonder une part importante de leur innovation sur ce qu’il faut bien appeler « la ressource client », c’est-à-dire sur une écoute attentive des demandes de la clientèle et de transcrire cette demande en une offre adaptée. 

  • Entreprises et territoires :  pour une relation gagnant-gagnant

L’entreprise est de plus en plus partie prenante de son territoire, dont les grandes évolutions tant économiques que technologiques influent sur son développement. L’entreprise est également en interaction avec l’environnement naturel de ses unités de production. Les entreprises constituent un facteur clé de la richesse et de l’attractivité d’un territoire. 

les entreprises ne peuvent être dissociées d’un ancrage territorial, ce qui ne les empêche pas de pouvoir se développer au-delà, y compris sur les marchés extérieurs. Inversement, la désindustrialisation de certains territoires est dévastatrice en termes de tissu économique, de destruction d’emplois et de perte des savoir-faire. Les territoires sont ainsi impactés par une vision de la Commission européenne principalement orientée par une politique de concurrence interne, au détriment d’une stratégie industrielle européenne au service de l’emploi et de la croissance,

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