mardi 5 juillet 2016

la crise de l’Etat providence

L’histoire de la pensée économique a connu plusieurs ruptures fondamentales, notamment des crises successives qui sont le fruit de plusieurs conflits et défis important entre les courants de la pensée économique.  

Le ralentissement économique depuis le milieu des années 70 a remis en évidence le débat sur la  
Place de l'Etat dans l'économie et la société. Les années 80 ont vu un regain du libéralisme dans les  
Théories économiques et les politiques mises en place.  

 Avec le recul des 20 dernières années,  quel est le degré d'intervention de l'Etat pour la Croissance économique ? 

Alors dans une première partie on va montrer le rôle de l’Etat providence avant les années 70, et dans une deuxième partie on parlera sur la crise au milieu des années 70 jusqu’au aujourd’hui  .





 Avant les années 70 : de l’Etat gendarme à l’Etat providence

 a) L'application moderne des conceptions libérales de l'État 


Tout d’abord, parlant de L’État gendarme qui est la conception minimale de l’intervention de l’État, dans cette conception, celui-ci doit se contenter d’assumer ses fonctions régaliennes, c'est-à-dire la défense extérieure et intérieure de son territoire (armée, justice, police).  

Cette conception bien restrictive est largement théorique ; certains auteurs (comme Adam  Smith au 18  siècle) préconisent en fait que l’État intervienne aussi dans la production de Certains  biens collectifs (qui seraient trop coûteux et pas assez rentables pour les  Entreprises  privées) comme les infrastructures (transport, énergie…).  Cette conception de l’État est libérale.
  
Le libéralisme apparaît au 18  siècle et prône la liberté pour les individus du point de vue politique mais aussi économique. Au niveau économique, l’État doit intervenir le moins possible et laisser faire le marché pour réguler les échanges entre les agents économiques (grâce au mécanisme de la loi de l’offre et de la demande). L’État ne peut qu’apporter des dysfonctionnements à ce principe et créer des déséquilibres (chômage, sous-production…). 
En effet Les conceptions libérales se sont adaptées au monde moderne dans lequel l’État tient  
Une place importante. Néanmoins, la philosophie reste la même, et l’État doit intervenir Le moins possible. Il intervient pour :   

 • déréglementer : il faut supprimer les entraves au bon fonctionnement du marché Comme l’encadrement des prix ou du crédit, les droits de douane… ;  
 • favoriser la concurrence : il faut protéger les relations commerciales (droit  Commercial), éviter les positions de monopole, protéger les innovations (brevets)… ;  
 • veiller à la stabilité monétaire et à l’équilibre du budget de l’État ;  
 • déréguler : moins d’intervention dans les domaines économiques et sociaux,  Privatisations, baisse des impôts…  

 Ces conceptions sont majoritaires aujourd’hui dans les pays développés en réaction au  
Fort interventionnisme des Trente glorieuses. 

Fort à parier, La crise de surproduction de 1929, a fait place à l’État-providence qui intervient fortement pour améliorer le bien-être des individus. 

b) L’Etat providence est une nécessité pour la croissance économique  

L’État-providence est une conception qui considère que l’État doit intervenir dans le  Domaine social mais aussi dans le domaine économique. Cette conception est  Surtout liée à l’idée que l’État doit accompagner et favoriser le progrès économique et  Social par une politique volontariste. Du point de vue social, le symbole est le système  De sécurité sociale. Des assurances sociales existent dès la fin du 19  siècle  (Notamment dans l’Allemagne de Bismarck) mais c’est après la Seconde Guerre  Mondiale que vont se mettre en place des systèmes à la fois d’assurance mais aussi  D’assistance dans les pays les plus développés.   

La conception économique de L’État-providence est en partie liée aux théories  Keynésiennes. M. Keynes considère que l’État a un rôle actif à jouer dans la relance de l’activité économique. En période de crise, c’est à l’État d’impulser une Nouvelle croissance par une politique monétaire (baisse des taux d’intérêt) mais Surtout budgétaire (augmentation des dépenses de l’État en vue de créer de l’activité Économique et des revenus supplémentaires) appropriée. Il est donc en contradiction  Avec les thèses libérales de la liberté du marché ; pour Keynes, le marché peut connaître Des dysfonctionnements graves s’il n’est pas régulé. 

En 1974, la crise a été déclenchée par la hausse du prix de pétrole qui avait quadruplé en 1973. Ce choc  a affecté doublement l’économie ce qui entrera l’Etat providence dans un cercle vicieux : la crise. 

2. La crise de l’Etat providence  

Le terme de crise de l'État providence a été utilisé pour la première fois par Pierre  Rosanvallon qui en a fait le titre d'un de ses ouvrages en 1981. Selon l'auteur, cette  Crise se manifeste par le déficit du financement de la protection sociale, par L’augmentation des prélèvements obligatoires et par l'incapacité du système à enrayer la  Montée de la pauvreté. Il y aurait donc non pas une crise mais trois :  
  1. Une crise de légitimité,
  2. une crise d'efficacité 
  3. et une crise d'adaptation. 

La problématique de la crise de l'État providence a été reprise aussi bien par les  Défenseurs de l'État providence que par ses détracteurs. 

a). La crise de légitimité 

 Après 1945, l'État providence se construit autour de l'idée généralement partagée qu'il  Contribue à l'amélioration du bien-être et à la réduction des inégalités les plus  Criantes. Or, la crise va mettre à mal cet état de fait. Nombreuses sont les voix qui  S’élèvent pour dénoncer les incohérences du système de prélèvement et l'incapacité de  L’État à corriger les inégalités.  
  
- Dans le domaine des prélèvements obligatoires, on constate l'absence d'une  Véritable progressivité. Pire, certains prélèvements dont les plus importants (TVA,  Cotisations sociales) sont dégressifs. Ils touchent proportionnellement davantage les  Ménages pauvres que les ménages riches.   
  
- D'autre part, certaines études mettent en évidence que les réaffectations ne profitent Pas aux plus démunis. Certes, la redistribution financière (versement d'allocations  Chômage, , des allocations logement...) profite largement aux ménages dont les  Revenus sont les plus faibles. Mais il est bien connu qu'à montant de cotisation égal, un  Ouvrier touchera des indemnités de retraite plus faibles que d'autres catégories sociales  Du fait d'une espérance de vie plus courte. De plus, si l'on prend en compte la  Redistribution en nature (consommation de services gratuits, éducation...), on se rend Compte qu'au bout du compte, l'action de l'État profite avant tout aux classes moyennes. 

b). La crise d'efficacité 

Elle se traduirait par l'apparition d'effets pervers dans le domaine de la régulation Économique et dans le comportement des individus :  
  
  •  Les effets pervers des prélèvements obligatoires  

La critique faite à l'État-Providence est son coût. Les économistes libéraux et Notamment Laffer ont souvent condamné le poids excessif des prélèvements qui, selon  Eux, découragerait l'activité. Ces prélèvements doivent baisser notamment pour  Encourager les plus riches à investir et non pas à quitter le territoire pour chercher un  Pays plus accueillant en matière fiscale.  
  
  •  Les effets pervers d'une surprotection des individus  

Ce thème a largement été développé dans la littérature économique. L'idée sous-jacente  Est que la protection sociale déresponsabiliserait l'individu qui ne serait incité ni à  Travailler, ni à épargner et qu'elle favoriserait un comportement d'assisté. Pour les  Libéraux, l'allocation chômage désincite les chômeurs à chercher du travail car ils peuvent  Perdre une partie de leurs avantages financiers. De plus, la fourniture de services  Gratuits encourage les individus à gaspiller les ressources (par exemple pour les  Médicaments). 
  • La crise d'adaptation financière 

En dernier lieu, l'État providence connaîtrait une crise d'adaptation dans la mesure où il  N’arriverait plus à équilibrer ses comptes. Il est vrai que l'augmentation rapide des  Dépenses de protection sociale liées à la crise (montée du chômage) a entraîné, au cours des dernières années, une dérive du système financier en mettant l'État providence  En danger.  
  
On peut par exemple parler du problème du financement des retraites par répartition  Ou des dépenses médicales. Le déficit de la protection sociale est notamment dû à ces  Deux types de redistribution. En 2021 la CNSS connaitra son premier  déficit  et épuisera ses réserves financières en 2049.  
L'évolution démographique couplée à la crise économique et à la baisse des  Prélèvements obligatoires conduit à une forte baisse des recettes et une augmentation  Des dépenses. La réforme actuelle des retraites au Maroc n'en f inance qu'une partie seulement à  L’horizon 2020. 
  
In fine, Il est certain que l'État-Providence a été mis à mal durant les années de crise. Il est non Moins certain que malgré ses imperfections, il a contribué à limiter la fracture sociale. Il Convient donc d'améliorer son fonctionnement pour en assurer la pérennité. Mais la crise Actuelle limite les ressources et les marges de manœuvre pour améliorer le système De protection sociale.  

Pour conclure, A la faveur de l'histoire économique récente, le débat n'est plus de se positionner : "pour" ou "contre" L’Etat. La question importante est sans doute : QUEL Etat ?  
La reprise de la croissance depuis 1998, mais aussi les perspectives de ralentissement donnent à  
Cette question encore plus d'acuité. 

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